Le bocage breton
La défense du bocage breton fait l’objet d’un consensus général ; élus, agriculteurs, écologistes, chasseurs, scientifiques, opinion publique tout le monde s’accorde sur les services non marchands que rend ce maillage arboré : 8 patrimoine, rugosité protégeant des vents, filtre de l’eau, lutte contre l’érosion, protection de la flore et de la faune, maintien de la biodiversité, confort des animaux et enfin production de bois et stockage du carbone. Et pourtant, le linéaire boisé a fortement reculé ; effet du remembrement jusque dans les années soixante-dix mais surtout nécessité de s’adapter à la taille des engins agricoles, de gagner du temps et de la surface, manque de disponibilité ou de compétence des agriculteurs et enfin perte de valeur économique d’un bois diffus, hétérogène et souvent de médiocre qualité. Tout cela a conduit à la régression du bocage par destruction ou par lent dépérissement faute d’entretien et de renouvellement. La prise de conscience de cette situation paradoxale a conduit à la mise en place de nombreux dispositifs de protection et d’aides au maintien et à la reconstitution du bocage qui se renforcent au fil des années. Il serait malheureusement trop long de les recenser ici avec leurs médiocres résultats. Le dernier en date est le projet Carbocage basé sur le constat que le bocage est un « lieu » de stockage de carbone tant dans la partie aérienne des végétaux mais aussi dans les racines et dans l’humus. Cela en fait un réservoir potentiel de carbone pouvant être labellisé et valorisé en accédant au marché du carbone
Marché du carbone et Carbocage
Rappel : le marché du carbone a vu le jour en 2005 avec la prise de conscience de la nécessaire réduction des émissions de gaz à effet de serre. Les émetteurs paient les stockeurs voire les acteurs de la diminution de carbone. Puis nait le Label bas-carbone qui met en place un cadre offrant des perspectives de financement à des projets locaux de réduction des émissions. Il permet ainsi d’accompagner la transition écologique à l’échelon territorial, en récompensant les comportements allant au-delà des pratiques usuelles.
Fonctionnement succinct de Carbocage
Dans un premier temps, il s’agit :
– Evaluer le carbone stocké dans les haies gérées dans le respect de règles de bonne gestion des haies.
– Trouver des vendeurs et des acheteurs de carbone et définir un prix
– Expérimenter le processus (dans le Morbihan: le Pays du Roi Morvan)
Les collectivités locales, les agriculteurs et les entreprises sont donc impliquées.
La quantification du carbone stocké dans cette perspective de la diminution des gaz à effet de serre est effectuée à partir de mesures théoriques avec l’unité de mesure suivante : « tonne équivalent CO2 par kilomètre et par an ».
Pour tenir compte de la typologie différente des haies, la capacité de stockage de carbone est modulée selon les quatre modèles qui ont été établis : – haies pluri strates, – haie de taillis, – haie de futaie, – haie arbustive.
La haie pluri strate est privilégiée car dense à tous les niveaux ; la moyenne de stockage est de 5 Teq CO2/km/an.
Nota : 1Teq CO2 équivaut à environ 300kg de carbone et 1 M3 de bois en déshérence correspond à 1 Teq CO2
Planification et chiffrage
Pour être éligible l’exploitant doit activer un plan de gestion durable incluant tout son linéaire de haies
La durée de quinze ans s’articule selon les 3 phases suivantes ::
– Premier quinquennat : bilan initial et visite technique puis coaching et formation qui débouchent sur une notification du projet après un audit documentaire et terrain sous forme de plan d’actions…
– Second quinquennat : mise à jour du projet après audit et ajustement du plan d’actions puis demande des crédits .
-. Troisième quinquennat : visite terrain et audit documentaire pour poursuite des crédits si les objectifs sont atteints….
L’objectif est d’avoir un plan de gestion durable des haies qui soit cohérent et pérenne.
Cependant il s’agit d’un contrat de marché qui par définition sera fluctuant sachant que
le coût de plantation est évalué à 62 € pour 100 mètres linéaire et par an ;
le coût de gestion d’une haie pluri strate est lui estimé à 100 € pour 100 ml/an hors valorisation du bois.
Que retenir des nombreuses questions / réponses ? De fortes similitudes avec le programme Breizh bocage quant à l’absence de rôle du propriétaire-bailleur qui n’est pas partie prenante dans ce contrat. Il n’en est pas nécessairement informé. Le revenu ne concerne que l’exploitant Ce programme pose de nombreuses questions aujourd’hui sans réponses : – quelles conséquences sur les baux en cours ? les baux n’intègrent qu’un droit d’émondage. – quel impact sur la durée du bail ? il y aura incompatibilité entre les durées. – que devient le contrat lors d’une reprise des terres par un autre exploitant ? rien n’est précisé.